Le 27 septembre 2020, le loup n’y sera pas

Ils fulminent, s’indignent et crient à l’injustice. Ils se réunissent pour dénoncer la concurrence déloyale. Ils ne la supportent pas. Le loup et le lynx, mais aussi le héron, la loutre et le harle biève osent se nourrir de proies qu’eux, auraient dû égorger pour se faire du blé ou pour se faire mousser. Pour les mettre hors compétition, ils initient donc un projet de loi. Parce que les humains, c’est supérieur, donc ça vote. Et selon les résultats du vote, ils pourront continuer à se placer au centre du monde pour zigouiller tout ce qui oserait les confronter dans leur vulnérabilité.

300 contre 77 millions

Chasseurs, pêcheurs, éleveurs… Et conservateurs de droite. Tous unis contre les ennemis désignés : le loup surtout, mais aussi le lynx, le castor, la loutre, le cygne, le héron et le harle biève selon l’évolution de ladite loi si elle est acceptée. Ils jouent sur la sensibilité populaire en criant “Pitié pour les moutons, pitié pour les chèvres ! Le loup a encore a frappé ! Le lynx a encore fait couler le sang dans mon pâturage !” Selon la Tribune de Genève le 10 août dernier, “entre 300 et 400 animaux de rente” sont tués par le loup chaque année. Ok. Ok… 77 millions d’animaux de rente sont saignés dans les abattoirs de Suisse par… les humains selon les chiffres de Proviande. De quel genre de concurrence parle-t-on ? Et surtout, au profit de qui ? Alors que les prédateurs non humains tuent de temps à autre un individu pour s’en nourrir, les chasseurs-cueilleurs des temps modernes quant à eux, asservissent, mutilent et abattent massivement pour le profit, le plaisir, la tradition. Pour s’en nourrir aussi certes, même si leur survie n’en dépend pas et que des alternatives éthiques sont à portée de main. Mais il ne s’agit pas que de se nourrir. Nous l’avons dit, le plaisir aussi, prime sur le droit à la vie. Ainsi, il semblerait que même la “pêche récréative” souffre de la concurrence acerbe que provoque malgré lui, le harle biève en se nourrissant de poissons blancs. En somme, les pêcheurs peuvent tuer sans gêne dans une activité meurtrière qu’ils qualifient de “loisir”, mais le héron, la loutre et la harle biève doivent s’en priver pour leur survie et laisser le stock aux mains des bipèdes obsédés par la tirette. Idem pour les chasseurs, qui jouissent à l’idée de disposer du monopole de la gâchette sur les bouquetins et autres chevreuils.

La mauvaise foi ronge le bon sens. Les chasseurs, pêcheurs et éleveurs ne sont pas soucieux pour les animaux considérés comme des proies. S’ils étaient réellement soucieux de leur bien-être, ils changeraient de métier, comme Jean-Marc Charrière ou Toni et Yvonne Kathriner, pour donner des exemples suisses. Ils sont soucieux pour leur porte-monnaie, leur égo et leur hobby du dimanche, il faudra se l’avouer avec honnêteté.

“Équilibre et sécurité”, le slogan pété

Soyons donc un peu lucides : la révision de la loi sur la chasse n’assurerait ni l’équilibre ni la sécurité pour les animaux, les humains et l’environnement, contrairement au slogan de la campagne. Cette révision, si elle passe, garantira la suprématie humaine sur l’ensemble des êtres vivants. Elle assurera la longévité morbide d’une ère dont l’anthropocentrisme est le socle fondateur. Un rapport d’asservissement de l’autre qui à la base de l’ensemble des maux de notre monde.

Le 27 septembre 2020, il n’y aura donc qu’un seul vote possible : NON. Si l’on souhaite une loi juste, il faudra en élaborer une qui saura faire évoluer le monde vers une coexistence concrète, équitable et pacifique. Une loi qui “régulera” non pas les autres animaux, mais l’obsession de la domination, du meurtre et de l’oppression.

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Virginia Markus

Avant de la décrire comme une auteure activiste, co-fondatrice de l'association antispéciste Co&xister, il faudra décrire Virginia Markus comme une humaine. Avec ses failles et ses ambitions. Alors qu'elle passait son temps à argumenter dans différents contextes, elle se dédie désormais à son sanctuaire pour animaux. À ses heures perdues, elle griffe encore quelques lignes.

Une réponse à “Le 27 septembre 2020, le loup n’y sera pas

  1. Bravo Virginia!…et bravo à tous ceux qui osent sortir de leur confortable terreur du manque…de bidoche, de protéines, d’argent, de sexe, de diplômes, de médicaments, de vaccins, de plaisir, de survie, de confort illusoire…en bref d’illusion de sécurité au dépens de toute forme de bienveillance et de sagesse dont font partie le principe de précaution et celui que je nommerai pour l’occasion de moutrucho-capito-géo-ectomie… – faire une extraction de la tête des gens (qui imitent les fonctionnements des moutons et des autruches) de la terre dans laquelle ils l’avaient enfuie (on peut aussi remplacer géo par culo, qui indique une tendance à avoir, dans un état de sobriété, un comportement et des réactions lourdes, arriérées et pénibles dignes d’un état d’ébriété…ou la tête dans le c…) – tout en présentant mes excuses au deux animaux pour l’emprunt d’une modélisation (sans analogie) de comportements qui, s’ils s’avèrent sagesse innée chez ceux-ci, deviennent lâcheté et arriération mentale et spirituelle acquises, chez l’humain!
    Je me demande parfois si le QE (quotient émotionnel) moyen de certains individus diminue à mesure qu’augmente leur QI …sans doute des vases communicants chez certains!
    Une fois pour toutes, l’intelligence qui confère une supériorité de pouvoir à l’un sur l’autre le rend en réalité non pas supérieur ( car super- rieur rira bien quand rira le dernier des supérieurs!) mais bien plus responsable… eh oui, dure à accepter pour le moldu, que l’intelligence confère de la responsabilité et non de la supériorité! Alors oui, c’est vrai qu’on a le choix les humains, même celui de nous détruire en commençant par tout ce qui nous entoure, mais je n’aurais de révérence envers ce choix que s’il était fondé sur une conscience éclairée d’en finir (qui pourrait éventuellement et suivant comment s’avérer un geste louable de libération de la Vie d’un de ses parasites) et non sur un déni abruti qui utilise à tout va le peu de neurones qui lui restent pour étiqueter de conspirationnistes, d’extrémistes et de Dieu sait quoi encore chaque individu qui ose le priver de son propre extrémisme dégénéré ou qui ose émettre l’idée qu’il y aurait mieux à faire que de continuer à faire “comme nos grand-pères” sous prétexte que le droit d’ancienneté nous permettrait de considérer comme honorable un comportement qui était juste logiquement acceptable à une époque plus reculée. Et oui, mais le problème c’est que si nos grand-pères et nos arrière-grand-pères avaient pensé comme ça, on serait encore en train de sautiller au fond de grottes en train de s’envoyer des sms (short messages sighed) genre onomatopées désignant des envies réparties sur le premier étage de la pyramide de Maslow. Alors évoluer, ça s’arrête pas à améliorer les moyens techniques de continuer à faire ce qui va nous amener dans le mur écologique ou à outsourcer notre sens critique ou étique dans des machines ou des pervers qui mettent joyeusement leur soif de pouvoir au “service” de la collectivité, impuissants qu’ils sont à ouvrir les yeux (ou à se les sortir du…) sur autre chose que la faible et débile réduction de leur angoisse de ne plus être… évoluer ce n’est pas rejeter le passé, tout au moins pas les leçons qu’on pourrait en tirer, mais ce n’est pas non plus de continuer imiter des comportements qui ne sont plus adaptés, et encore moins croire qu’en faisant de l’humain un appendice du réseau informatique et de l’AI (en Suisse ça veut dire assurance invalidité et en anglais Artificial Intelligence, les deux fonctionnent dans le présent contexte!) on va lui épargner les conséquences sur la Nature dont il fait intimement partie, de ses abrutissements dégénérés et conservateurs dans le mauvais sens du terme!

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