Billets de 50, 20 et 10 francs suisses éparses sur une table avec quelques pièces de monnaie.

COVID-19: A qui profite l’argent donné à la Chaîne du Bonheur?

La Chaîne du Bonheur est une institution bien connue des Suisses qui sont, à chaque collecte, très nombreux à répondre à l’appel aux dons. La communication mise en place par cette oeuvre  de bienfaisance tranche pourtant avec les informations communiquées sur le site des organismes qu’elle soutient.

Ces derniers jours et semaines, nombreux ont été les médias nationaux et régionaux qui se sont fait écho de la nouvelle collecte “Coronavirus” lancée par la Chaîne du Bonheur. Une campagne dont le maître-mot est l’aide aux personnes vulnérables en Suisse.

Descriptif de la collecte de fonds pour la collecte "Coronavirus" publié sur le site de la Chaîne du Bonheur. On peut y lire: "Soyez solidaires en faisant un don pour les personnes et les familles en Suisse qui subissent de plein fouet les répercussions sanitaires, sociales et économiques du virus."
Le descriptif de la collecte “Coronavirus” tel qu’il est présenté sur le site officiel de la Chaîne du Bonheur.

 

Suspension des aides à domicile

Cette campagne m’a immédiatement mis la puce à l’oreille lorsque j’ai vu figurer, dans les organisations bénéficiaires de la collecte, l’Oeuvre suisse d’entre-aide ouvrière (OSEO). Non pas parce que je ne soutiens pas l’action de cet organisme, mais, au contraire, parce que je suis bien placée pour savoir qu’actuellement, en pleine crise sanitaire, une grande partie des services à la personne proposés par l’OSEO ont été suspendus. C’est le cas à Genève où EcoDom Services à domicile, qui propose des aides-ménagères pour tous et des dames de compagnies pour les seniors, a été purement et simplement suspendu dès l’annonce par le Conseil Fédéral le 16 mars dernier de la “Situation extraordinaire” et la publication de l’Ordonnance fédérale COVID 19 y relative. Une suspension décidée alors même que les aides-ménagères et aides à la personnes sont tenues de continuer à exercer, selon ladite Ordonnance. Cette situation n’a d’ailleurs eu de cesse d’être médiatisée ces derniers jours. Le 19h30 de la RTS s’en faisait encore écho mardi 7 avril, dans un reportage mentionnant que les femmes de ménages, les gardes d’enfants et les employés de maison étaient “censés poursuivre leur travail malgré les risques”.

Résultat des courses, l’OSEO qui est censée dispenser des prestations d’aide à domicile est aux abonnés absents. Et ce alors même qu’une bonne partie de la population continue à avoir besoin de ce soutien en cette période difficile, notamment les personnes âgées et celles en situation de handicap dont je suis. Pour ma part, j’emploie en temps normal une femme de ménage salariée et déclarée d’EcoDom Services, car il m’est devenu difficile de faire le ménage rapidement et efficacement par moi-même.

Lorsque la vue baisse, on ne voit plus la saleté aussi bien qu’avant. Grater le sol à quatre-pattes, le nez collé au carrelage pour bien voir les taches, c’est bien joli, mais cela casse le dos et prend des heures, quand ma femme de ménage reste facilement debout en passant la serpillère en quelques minutes. (Oui, on en revient toujours à la question du temps et de l’efficacité…) En ces temps de crise sanitaire, il est important de maintenir une certaine hygiène à domicile, une hygiène qui, pour cause de suspension des services à domicile de l’OSEO, demande beaucoup plus de travail et de temps pour être maintenue.

Entre la suspension des services à domicile de l’OSEO et la limitation actuelle du traitement des uniques dossiers en cours, je me demande: où va l’argent récolté par la Chaîne du Bonheur destiné à l’OSEO? D’autant que, les autres services de l’OSEO sont essentiellement axés sur la réinsertion professionnelle, comme vous pouvez le constater en surfant sur leur site internet. Donc assez loin de l’assistance aux personnes vulnérables qui souffrent de la situation liée au COVID-19.

Enrichir la Migros

Une partie de la réponse m’est arrivée par courrier postal de l’OSEO, pas plus tard qu’hier. En même temps, je recevais ma facture mensuelle du mois de mars comportant une seule date de ménage. Je vous laisse en faire la lecture.

Contenu du courrier envoyé aux utilisateurs des prestations EcoDom Services à domicile, reçu le 8 avril 2020 : « A la lecture de ces lignes, nous espérons que vous et vos proches êtes en pleine santé. Comme vous le savez, nous avons été contraints de suspendre dès le 17 mars l’activité de votre femme de ménage ou aide à domicile via notre service EcoDom compte tenu des décisions du Conseil fédéral liées au COVID-19. […] Pour notre organisation, suspendre nos prestations a été une décision difficile à prendre car cela vous prive d’une aide précieuse et nos collaboratrices se retrouvent sans emploi. Nous avons donc tout entrepris pour les soutenir et éviter qu’elles ne se retrouvent sans ressources. Ainsi, nous avons fait une demande de réduction de l’horaire de travail (« chômage technique ») auprès de l’Office cantonal de l’emploi pour lui permettre de toucher une indemnisation. […] En encadré : Conscients des difficultés auxquelles peuvent faire face nos femmes de ménage et aides à domicile, nous avons fait une demande de soutien de la Chaîne du Bonheur : nous pouvons ainsi offrir à chacune des bons d’achat à Migros de FR. 100.- avec le salaire de mars, de Fr. 200.- fin avril et Fr. 200.- supplémentaires pour le mois de mai). […] Hors encadré : En vous remerciant vivement de l’attention que vous porterez à ce courrier et restant à votre entière disposition pour tout complément d’information, nous vous adressons, Madame, Monsieur, nos plus cordiales salutations. Pour l’OSEO Genève : Christian Lopez Quirland (Directeur) et Hervé Jungo (Responsable secteur placement)

Vous noterez comme moi, la formulation “nous avons été contraints de suspendre” [les services à domiciles]. Lorsqu’un simple coup d’oeil à l’ordonnance fédérale permet de se rendre compte que les services en question ne sont pas concernés par une mise à l’arrêt, on est en droit de s’interroger sur le vocabulaire utilisé… L’OSEO a peut-être fait ce choix, mais n’y a aucunement été contrainte! C’est mentir aux utilisateurs des services en question que de formuler la chose de cette façon dans ce courrier officiel.

Après avoir contacté la centrale téléphonique genevoise de l’OSEO, un employé m’a confié que “la décision avait été prise dans l’idée de protéger le personnel de maison, nombreux à prendre les transports en commun pour se rendre sur ses différents lieux de travail”. Une décision que je peux tout à fait comprendre, mais qui est très loin d’une contrainte fédérale. Quant à la situation des personnes vulnérables seniors ou en situation de handicap qui auraient malgré tout besoin du maintien de ces services au cas par cas, on m’a dit “comprendre”, mais “malheureusement ne rien pouvoir faire” pour moi. On m’a même recommandé de me diriger, momentanément, vers d’autres services qui proposent des services de ménage à domicile, comme batmaid.ch. En résumé, l’OSEO, organisme à vocation sociale, réduit voire supprime ses services pendant la crise du COVID-19 et renvoie à l’utilisation de services de PME privées, tout en faisant l’objet d’une collecte de fonds par la Chaîne du Bonheur…

Et quelle collecte, puisque celle-ci sera destinée, comme le mentionne le courrier ci-dessus, à offrir des bons d’achats Migros de Fr. 100.- à Fr. 200.- aux femmes de ménage avec leur salaire de mars à mai. Ai-je bien lu? Pour soutenir les femmes de ménage, on leur offre des bons d’achats achetés auprès d’un des plus grands géants de l’agro-alimentaire suisse? Autrement dit, l’argent de la Chaîne du Bonheur va, indirectement, aller remplir les caisses de la Migros? Suis-je la seule à trouver complètement anormal cet état de faits? Non seulement les personnes vulnérables bénéficiant en tant normal des prestations à domicile de l’OSEO s’en voient privées pendant la crise sanitaire, alors que c’est précisément encore plus en ce moment qu’elles en auraient besoin. Mais, en plus, l’argent récolté pour la Chaîne du Bonheur va aider le personnel, non pas par un petit bonus de salaire cash, mais en “engraissant” le géant orange? Nous prend-on pour des pigeons?

Vol vers Cluj-Napoca

Même interrogation lorsque j’investigue du côté d’une autre organisation bénéficiaire de la collecte de la Chaîne du Bonheur: Caritas. Une organisation elle aussi bien connue des Suisses et très active sur le terrain pour aider les personnes vulnérables, tant par des aides financières que par différentes prestations sociales ou solidaires.

Premier constat lorsqu’on arrive sur le site de Caritas Genève: une bannière qui annonce la réduction des activités pendant la crise du COVID-19, suivi d’un appel aux dons (à l’image ci-dessous).

Bannière indiquant la diminution des activités de Caritas pendant la crise du COVID-19, suivie d'un appel aux dons.

Puis, surprise, première nouvelle affichée dans la section “Actualités” en page d’accueil: “Un vol humanitaire rapatrie en urgence des familles roms en Roumanie”.

Première actualité visible sur le site de Caritas Genève le 9 avril 2020 à midi: un vol humanitaire vers la Roumanie pour les Roms de Genève.

Le surtitre de l’actualité en question annonce, je cite: “La crise sanitaire et sociale due au Covid-19 met à l’épreuve les populations les plus vulnérables, parmi elles, les Roms présents à Genève. A leur demande, Caritas Genève a organisé un vol humanitaire pour les rapatrier.”

Léman bleu a réalisé un reportage sur le vol humanitaire en question à destination de la Roumanie. De quoi interroger lorsque l’on sait qu’encore à l’heure actuelle des Suisses sont bloqués à l’étranger sans possibilité immédiate de revenir sur sol helvétique, car pas d’avions affrétés pour eux ou des billets, souvent à prix d’or, qui doivent être financés de leur poche et non de celle de la Confédération ou des dons faits à Caritas, comme on l’apprend ici. Difficile de savoir si le vol en question qui a été affrété “à la demande des Roms présents à Genève” dit l’article, a été financé par les fonds collectés par le biais de la Chaîne du Bonheur pour le Coronavirus. Néanmoins, cela interroge… Surtout quand la campagne de la Chaîne du Bonheur met l’accent sur l’aide aux personnes vulnérables en Suisse. Pour ma part, je ne vois aucun problème à affréter des vols humanitaires, pour autant qu’ils soient justifiés et que je sache que c’est eux que je soutiens et pas une cause initiale à laquelle je souhaitais destiner mon don.

Soutien effectif

Heureusement, il reste deux bonnes surprises avec la Croix-Rouge suisse et Pro Senectute qui restent au front et proposent de nouveaux services concrets pour aider les personnes vulnérables et être présentes pour les personnes dans le besoin en cette période difficile. La première a, entre autres, mis en place le premier centre de dépistage du coronavirus dans le canton de Berne et un services de bénévoles qui livrent les produits alimentaires et d’hygiène aux personnes âgées et menacées par le virus. La seconde a notamment lancé un concept de chaîne téléphonique pour prendre soin des proches et des voisins. La vraie chaîne du bonheur?

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Céline Witschard

Trentenaire dynamique, Céline Witschard est malvoyante depuis la naissance et emploie la canne blanche depuis février 2018. Ancienne journaliste, enseignante et archiviste, elle crée son entreprise de coaching, conseil, sensibilisation et formation à l'accessibilité et au handicap visuel, début 2019: "Vision Positive". Passionnée et énergique, elle mène une vie loin des clichés liés au monde du handicap.

10 réponses à “COVID-19: A qui profite l’argent donné à la Chaîne du Bonheur?

  1. Cet article me laisse songeuse et surtout je suis très contente de ne pas avoir encore versé mon obole à la Chaîne du Bonheur. En fait je me préparais à effectuer cette démarche demain. Mais à la lecture de ce qui précède j’ai décidé de verser le montant prévu directement à ma propre femme de ménage, qui vient toujours à mon domicile avec les précautions d’usage. En effet, avec cette crise, plusieurs de ses autres clients-employeurs ne la laissent plus aller à leur domicile et n’a plus de rentrée d’argent. Ceci ma rassure et me réjouis. Merci infiniment de cette information.
    Meilleures salutations et prenez bien soin de vous.

    1. Bonjour Danièle,
      Je suis ravie que mon article vous ait conduit à cette réflexion. Loin de moi l’idée de détourner chacun de faire un don à la Chaîne du Bonheur ou à tout autre organisme de bienfaisance d’ailleurs. Toutefois, il me semble nécessaire, si ce n’est indispensable, de faire preuve d’une totale transparence sur la destination de ces fonds. Ici, nous sommes face à un cas d’éthique qui est sérieusement discutable. Il me semble que votre démarche de faire don de la somme prévue directement à votre femme de ménage est un très sûr moyen de faire en sorte que votre aide aille aux bonnes personnes au bon moment. Surtout en cette période difficile.

      J’espère que ce message vous trouvera en bonne santé vous et vos proches et vous souhaite tout le meilleur.

      Excellent week-end de Pâques également!

      Prenez bien soin de vous et de vos proches.

  2. Le blog de Mme Witschard pose la question essentielle de l’utilisation des fonds collectés par la Chaîne du Bonheur, mais contient quelques erreurs factuelles relatives à la pratique de notre fondation en matière d’attribution des dons, ce qui pourrait avoir pour conséquence de décourager l’action de solidarité des Suisses. Nous regrettons de ne pas avoir été contactés par l’auteure à ce sujet ce qui nous aurait permis de donner des précisions sur notre action, de façon transparente, ce que nous faisons ci-après.

    Depuis le début de la crise, la Chaîne du Bonheur travaille dans l’urgence et attribue son soutien financier à un cercle toujours plus large d’organisations, à mesure que les dons arrivent. Nous avons rapidement soutenu massivement non seulement Caritas et la Croix-Rouge suisse, nos partenaires traditionnels, mais aussi l’OSEO et Pro Senectute, des organisations qui agissent à travers leurs associations et branches cantonales. Nous avons soutenu des dizaines de petites organisations qui mettent sur pied des distributions alimentaires aux plus précarisés dans tout le pays. Plus récemment, nous avons étendu notre aide à Pro Infirmis, L’Armée du Salut et le Secours d’Hiver. De multiples groupes cibles reçoivent ainsi l’aide de la Chaîne du Bonheur : les familles et ceux qui sont tombés dans la précarité suite à la pandémie, des personnes isolées, âgées ou handicapées, des sans-abri qui ont de la peine à se nourrir et à se soigner, des jeunes pour qui la formation à distance est discriminante et pose de graves problèmes. D’autres organisations et d’autres groupes cibles seront soutenus à l’avenir en fonction des montants collectés. Tous les dons sont utilisés pour cette aide en Suisse.

    Pour ce qui concerne l’OSEO, l’argent de la Chaîne du Bonheur lui permet aujourd’hui de fournir une aide financière à des personnes qui ont perdu tout revenu – ces « working poors », qui se retrouvent sans filet social. Cette aide leur permet de subvenir à leurs besoins primaires, nourriture, loyer, frais médicaux.
    Nous soutenons également Pro Infirmis qui a remodelé son offre pour continuer à venir en aide aux centaines de milliers de personnes en Suisse en situation de handicap. Grâce aux 500’000 CHF reçus de la Chaîne du Bonheur, Pro Infirmis pare au plus pressé face à une multiplication de situations personnelles et familiales dramatiques, notamment en réorganisant l’aide à domicile sans exposer ses employés et bénévoles et en fournissant de l’aide financière à des familles forcées d’abandonner leur emploi pour s’occuper de leur enfant avec handicap, lorsque les écoles spécialisées ont fermé.

    Les besoins liés au coronavirus sont immenses. Grâce aux dons de la population, la Chaîne du Bonheur soutien la réponse associative là où elle est le plus nécessaire. Nous ne donnons pas de chèque en blanc, mais nous attribuons notre soutien sur la base de projets élaborés par les organisations en réponse à la crise. Nous appliquons à cet effet des lignes directrices très strictes et très claires.

    La Chaîne du Bonheur ne finance aucun vol pour l’étranger, ceci n’entre pas dans nos critères d’attribution des fonds.

    Vous trouverez sur notre site internet de nombreux détails sur notre action et pourrez y faire un don si vous le souhaitez https://www.bonheur.ch/collectes/coronavirus/

    Nous répondons à toutes celles et tous ceux qui, légitimement, questionnent l’usage de l’argent récolté par la Chaîne du Bonheur. La confiance que nous fait la population de Suisse depuis bientôt 75 ans repose sur le sérieux de notre travail et de nos analyses. Dans cette collecte comme dans les autres, nous sommes un bailleur de fonds responsable.

    Catherine Baud-Lavigne, directrice adjointe
    Chaîne du Bonheur

    1. Chère Madame Baud-Lavigne,
      Je vous remercie pour l’intérêt que vous avez porté à mon article et pour le complément très détaillé que vous lui apportez.
      Loin de moi l’idée de détourner les Suisses (et les autres) d’un don à votre institution. Je me suis néanmoins permis de m’interroger sur la communication faite autour de cette collecte (car les différents cas soulevés dans l’article sont bel et bien des cas de communication institutionnelle, tant pour le vol co-organisé par Caritas que pour les bons Migros offerts par l’OSEO).
      Il est bon de lire qu’une grande partie de vos dons va servir aux organismes de distribution alimentaire et au soutien des “working poors”.

      Vous dites, je cite: “Plus récemment, nous avons étendu notre aide à Pro Infirmis, L’Armée du Salut et le Secours d’Hiver. De multiples groupes cibles reçoivent ainsi l’aide de la Chaîne du Bonheur : les familles et ceux qui sont tombés dans la précarité suite à la pandémie, des personnes isolées, âgées ou handicapées, des sans-abri qui ont de la peine à se nourrir et à se soigner, des jeunes pour qui la formation à distance est discriminante et pose de graves problèmes.”

      Comme vous l’aurez compris au vu du nom de mon blog, je m’intéresse particulièrement à la question du soutien aux personnes en situation de handicap. Vous mentionnez que vos dons vont aider ce groupe cible. Pouvez-vous s’il vous plaît développer comment et par quel organisme? Je cite notamment l’OSEO qui a complètement suspendu ses services d’aide à la personne pendant la pandémie, ce qui va à l’encontre du soutien aux personnes âgées et en situation de handicap, mais peut-être d’autres organismes auxquels vous distribuez les fonds de la collecte sont-ils actifs pour ce public à l’heure actuelle? (Puisque c’est bien de cela qu’il s’agit, une aide pendant la crise et non à posteriori, bien qu’elle soit également nécessaire).

      Au plaisir de lire vos futurs éclaircissements et en vous remerciant pour l’action que vous menez qui aide et aidera, à n’en pas douter, un nombre considérable de personnes dans le besoin.

  3. Chère Madame,
    Vos suspicions à l’encontre de Caritas Genève sont totalement infondées et de mauvaise foi. Le vol humanitaire en question a été exclusivement financé par des philanthropes privés, comme c’est très clairement indiqué dans l’article mentionné. Il n’a rien à voir avec les fonds de la Chaîne du bonheur, dont l’utilisation est strictement protocolée par Caritas Suisse, qui les redistribue aux antennes régionales.
    Ces fonds, dont seule une petite partie a déjà été distribuée à ce jour, sont uniquement à disposition de notre Service de l’Action sociale et de nos épiceries pour venir en aide à des personnes en situation de détresse en raison de la pandémie. Ces deux activités sont extrêmement sollicitées et leurs équipes pleinement mobilisées au vu de l’urgence sociale.
    Vous semblez vous étonner que les activités de Caritas Genève soient « réduites » en temps de crise ? C’est pourtant le cas d’à peu près toutes les associations et entreprises du pays ! Nos points de vente (boutiques, brocante, restaurant, etc.) sont par exemple fermés, tout comme nos formations et ateliers sont suspendus à cause des restrictions en vigueur.
    Je vous remercie de rectifier votre article en conséquence.
    Mario Togni,
    Resp. communication de Caritas Genève

    1. Cher Monsieur Togni,
      Merci tout d’abord pour l’intérêt que vous avez porté à mon article. Laissez-moi souligner qu’en lieu et place de suspicions, ce sont avant tout des “interrogations” que je livre dans cet article. Je le mentionne d’ailleurs noir sur blanc.
      Comme je le souligne, également dans l’article, il était difficile de savoir, de prime abord, si oui ou non, des fonds de la Chaîne du Bonheur avaient d’une manière ou d’une autre été alloués à l’opération de rapatriement des Roms genevois en Roumanie ou, tout du moins, cela peut porter à confusion. Je le répète ici, je n’ai absolument rien à redire à l’organisation d’un tel vol qui de plus a été soutenu par Canton et Confédération. Je ne fais que mentionner, à raison, que de tels vols sont encore manquants pour certains Suisses bloqués à l’étranger et qu’il est probablement un peu maladroit de communiquer cette nouvelle directement sous un bandeau faisant mention de la collecte “Coronavirus” de la Chaîne du Bonheur qui n’a pas cette finalité.
      Néanmoins, je vous remercie infiniment pour les précisions que vous apportez et qui rendent extrêmement clair l’usage qui est fait et sera fait des dons que Caritas reçoit/recevra de la Chaîne du Bonheur.
      Enfin, il me semble que vous ne lirez nulle part dans l’article que je m’étonne de la réduction de vos services. Il est évident que vos boutiques et restaurants sont impactés par les mesures fédérales comme tous les autres établissements du même type qu’ils aient une vocation sociale ou non. Quid en revanche des services à la personne hors épiceries? L’Action sociale est-elle maintenue à son régime ordinaire par télétravail des collaborateurs? Car c’est en ce moment que les personnes les plus vulnérables ont besoin de soutien.

      Au plaisir de vous lire pour clarifier également ce point pour les lecteurs.

      Excellente fin d’après-midi et merci à Caritas d’être présent sur le terrain en cette période difficile.

      1. Bonjour,
        Notre Service de l’Action sociale fonctionne actuellement à plein régime. Les collaborateurs assurent, à tour de rôle, quatre permanences téléphoniques par semaine et gèrent le suivi des dossiers depuis chez eux en télétravail. Je vous confirme que le nombre de nouveaux dossiers urgents ouverts chaque semaine est largement plus élevé que d’habitude.

        Vous trouvez tous les détails sur nos activités ici: http://caritas-geneve.ch/actualites/news/2020/malgre-l-epidemie-caritas-geneve-reste-au-front

        Concernant le vol humanitaire, vous écrivez: “il est probablement un peu maladroit de communiquer cette nouvelle directement sous un bandeau faisant mention de la collecte “Coronavirus” de la Chaîne du Bonheur qui n’a pas cette finalité.”
        Il n’y a aucun bandeau mentionnant la collecte de la Chaîne du bonheur sur notre site internet, je ne vois pas ce qui prêterait à confusion… Le partenaire de la Chaîne du bonheur est Caritas Suisse, qui redistribue des fonds aux Caritas régionales pour les actions déjà indiquées.

        En ce qui concerne Caritas Genève, nous menons nos propres actions de recherche de fonds comme toutes les associations caritatives. Nous le faisons en tout temps, mais aussi de manière ciblée en ce moment puisque les besoins sont importants et que la crise pèse lourdement sur notre capacité de financement (réseau vente fermé, etc.).

        Je reste à disposition pour de plus amples informations si vous le souhaitez.

        Cordialement

        1. Bonsoir Monsieur Togni,

          Mille excuses effectivement, vous avez raison de le relever, le bandeau en question ne mentionne pas la Chaîne du Bonheur.
          Reste cela dit, mais c’est évidemment mon avis et je conçois que vous ne le partagiez pas, qu’il me semble un peu pour le moins peut-être maladroit, alors que l’on communique énormément sur la collecte de fonds effectuée par la Chaîne du Bonheur, entre autres au bénéfice de Caritas Suisse (et cantons bien entendu), de mettre en avant en première actualité de la section genevoise un article dont les premières phrases (ou le chapeau si vous préférez) indique: “La crise sanitaire et sociale due au Covid-19 met à l’épreuve les populations les plus vulnérables, parmi elles, les Roms présents à Genève. A leur demande, Caritas Genève a organisé un vol humanitaire pour les rapatrier.”
          En l’occurence, j’avais lu l’intégralité de l’article et la mention faite aux philanthropes privés (entre autres) puisque je fais également référence au reportage de Léman Bleu qui y est cité, mais tout le monde n’a pas ce réflexe. Je ne vous apprendrai sûrement pas que beaucoup d’internautes s’arrêtent aux titres ou aux premières lignes d’un article. C’est peut-être un peu maladroit.

          Cela dit, cette interrogation autour de la communication en question n’enlève rien à ma sympathie pour l’action de terrain menée par Caritas, à Genève comme ailleurs. Et je suis ravie d’apprendre que vos collaborateurs sont plus que jamais au front par télétravail pour permettre d’ouvrir et de suivre de nouveaux dossiers de cas urgents qui, j’en ai malheureusement peur, n’iront pas en diminuant ces prochains temps.

          Au plaisir d’échanger avec vous.

  4. Chère Madame Witschard,
    Vos interrogations sur les attributions de fonds récoltés par l’action de la chaîne du bonheur sont parfaitement justifiées. Il est nécessaire de savoir de quelle manière la solidarité de la population suisse est utilisée à bon escient. Vous poser des questions particulières en matière de soutien aux personnes en situation de handicap.
    En tant que responsable de Pro Infirmis pour la Suisse romande je peux vous donner les informations suivantes :
    Nous allons consacrer une grande partie de l’argent reçu de la chaîne du bonheur à l’aide financière directe aux personnes en situation de handicap. En effet, de nombreuses familles se sont vus dans la situation de devoir prendre en charge 24 heures sur 24 un enfant ou un adulte en situation de handicap, au vu de certaines fermetures d’institutions, et de ne pas pouvoir concilier cette activité avec leur activité professionnelle habituelle. En plus de la charge de travail que cela représente il y a une perte en matière de revenus. Nous aidons directement ces personnes pour leur permettre de passer ce cap financier difficile.
    Autres sujets de préoccupation, toutes les personnes avec déficit cognitifs qui vivent indépendamment à domicile. Elles ne comprennent pas nécessairement facilement toutes les mesures de protection qu’implique cette lutte contre le Coronavirus. Nous faisons un coaching et un soutien individuel pour leur expliquer ces mesures, les aider à savoir comment réagir et leur permettre d’obtenir tout ce dont elles ont besoin en matière de nourriture de soins de soutiens concrets.
    Enfin nous nous coordonnons avec des organisations bénévoles avec d’autres associations et avec les cellules de crise mises sur pied dans les différents cantons pour mettre en œuvre une aide directe à apporter aux personnes : Courses, visites chez le médecin, démarches administratives etc.
    Ainsi les montants récoltés par la chaîne du bonheur et confiés à Pro Infirmis sont utilisés directement pour répondre aux demandes de personnes en situation de handicap, clients de notre institution ou non, qui nous arrivent quotidiennement.
    Benoît Rey

    1. Cher Monsieur Rey,

      Mille mercis pour les précisions que vous apportez à cet article. J’ai grand plaisir à lire votre contribution et à constater que Pro Infirmis est au front pour aider les personnes en situation de handicap par le biais des différentes actions que vous mentionnez. Comme vous avez pu le lire, je ne doutais absolument pas de la réactivité de votre structure qui communique très clairement et efficacement, notamment via son site internet. Permettez-moi de profiter de ce commentaire pour saluer également l’initiative de “chaîne téléphonique” que vous avez mise en avant sur la page dédiée aux actions menées pendant la crise du coronavirus, que je trouve, à titre personnel, remarquable d’humanité, de bienveillance et de solidarité.
      Un grand bravo pour vous actions et votre soutien aux personnes vulnérables, non seulement en cette période particulière, mais également tout le reste du temps.

      Excellente soirée et fin de semaine à vous.

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