Pourquoi faut-il chérir l’hiver ?

Ça y est, c’est l’hiver ! Au jardin, nos derniers poireaux et crucifères continuent leur vie, un peu ralentie par les fraîches températures, il faut le dire. C’est impressionnant de voir que malgré les gelées nocturnes importantes et l’épaisse couverture de neige, certaines variétés résistent et nous permettent de nous régaler toute l’année. Mais finalement, pourquoi certains légumes comme les tomates ne résistent pas au moindre gel, alors que d’autres tolèrent des -30oC ?

 

La nature fait bien les choses

Si certaines plantes flétrissent, se dessèchent puis finalement meurent des suites d’un gel, c’est parce que l’eau contenue dans une partie de leurs cellules, appelée vacuole, se dilate avec le froid, faisant finalement exploser la cellule. Exactement comme quand on place une bouteille entièrement remplie d’eau au congélateur.

Ce phénomène a pu être contourné grâce à de nombreux mécanismes. En effet, les plantes n’ayant pas la possibilité de se mouvoir, divers mécanismes de survie au gel sont apparus au cours de mutations, par exemple, et se sont répandus au fil des générations grâce au principe de la sélection naturelle notamment.

 

         

 

Le mécanisme antigel

Acclimatation ou tolérance au froid, dormance ou processus de réparation des cellules endommagées, de nombreux mécanismes permettent aux plantes de survivre à des températures extrêmes. L’un de ces mécanismes, appelé « mécanisme antigel », permet aux végétaux de résister à des températures très froides !

 

Ce mécanisme physiologique agit de manière semblable au mécanisme de l’antigel utilisé dans les radiateurs, par exemple. En effet, cette adaptation des plantes leur permet d’augmenter le nombre de solutés dans l’eau que contiennent leurs cellules, ce qui abaisse le point de congélation. Ces solutés sont en grande partie du sucre issu de la dégradation de l’amidon, stocké dans la plante grâce à la photosynthèse lors de la belle saison. Ce sucre, soluble, a de forts pouvoirs antigel. L’eau contenue dans la vacuole gèle ainsi à des températures plus basses que 0oC, épargnant les cellules, dans une certaine mesure du moins, d’un éclat mortel. C’est aussi pour ça qu’on dit que certaines légumes sont meilleurs car plus doux à la suite des premières gelées !

 

Pourquoi le froid est-il appréciable pour ceux qui cultivent la terre ?

Même si cultiver la terre en hiver n’est pas impossible, il est parfois difficile de se motiver à planter et cueillir sous la neige. Ainsi, lorsqu’on aime cultiver la terre, l’attente de la fin de l’hiver et de la réapparition des douces journées de printemps et d’été nous semble interminable. Et pourtant ! Les températures hivernales sont nécessaires, voire indispensables à la plupart de nos cultures !

 

  • Amélioration de la structure sol

L’eau qui gèle se dilate. Ainsi, lorsque l’eau contenue dans les sol gèle, elle permet d’écarter les colloïdes du sol, comme le limon et l’argile. Dans un sol lourd ou tassé, ces particules du sol sont collées les unes aux autres, empêchant notamment une bonne circulation de l’eau. Suite au dégèle, les argiles et limons écartés permettent à l’eau de circuler librement entre elles, ce qui offre une structure plus légère au sol, et donc plus propice au bon développement des végétaux et à un peuplement actif par les divers organismes du sol.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  • Cultures impossibles sans gel

Certaines cultures, comme les céréales d’hiver (blé, orge, …), ont besoin d’un arrêt végétatif pour entrer en phase de reproduction. Des hivers trop doux perturbent ainsi leur cycle naturel, provoquant une croissance perturbée, impactant bien évidemment les rendements.

 

Aussi, d’autres variétés ont besoin que leur graines gèles avant de pouvoir germer. En effet, ce mécanisme de survie empêche les graines de germer en automne et d’être ainsi dans un stade de croissance fragile pour passer l’hiver, abaissant largement leur taux de survie. Un processus endocrinien agit à l’intérieur de la graines, l’empêchant de germer si une période de gel n’a pas eu lieu. Le fraisier, par exemple, mais aussi de nombreux buissons et arbres fonctionnent sur ce principe-là. Afin d’assurer une bonne germination des graines du commerce, les semenciers induisent donc une « période de gel » artificielle, en plaçant par exemple les graines dans des frigos durant une certaine période.

 

  • Affaiblissement des nuisibles ?

D’après l’Agroscope, les espèces locales d’insecte, tout comme les plantes, sont bien adaptées au froid. Ces dernières peuvent donc être touchés par de froids hiver, mais plutôt indirectement, par le manque de nourriture à la sortie de la période froide, par exemple. En revanche, les espèces nouvellement immigrées, notamment par le changement climatique, sont plus sensibles à de fraiches températures, qui peuvent ainsi leur être préjudiciables. De quoi réjouir les agriculteurs ou autres jardiniers amateurs !

 

 

Voilà une liste non exhaustive d’arguments qui pourraient influencer notre manière de considérer l’hiver, d’autant plus qu’en Suisse, ses jours semblent comptés… En effet, selon le NCCS (National Centre for Climate Services), avec une hausse des températures de 2 degrés, la Suisse subit un réchauffement supérieur à la moyenne globale de 0,9 degrés. Jusqu’à 60% de jours de gels et 50% de jours de neige en moins indiquent clairement que notre chère Confédération helvétique subit indubitablement un changement de climat… Tu comprends maintenant pourquoi il nous tient à coeur de chérir l’hiver, et de partager ça, afin de, on l’espère, encourager à un mode de vie impactant moins le climat.

 

Pour plus d’actualités sur notre projet et d’infos sur les modes de culture durables, viens faire un tour sur notre page Instagram : https://www.instagram.com/agrolab_/

 

A bientôt !

 

Céline

 

Sources:

https://www.admin.ch/gov/fr/accueil/documentation/communiques.msg-id-24940.html

https://www.vertal.fr/2016/02/11/quels-sont-les-effets-dun-hiver-sans-gel-sur-les-sols-agricoles

https://www.nccs.admin.ch/nccs/fr/home/changement-climatique-et-impacts/evolution-du-climat-observee-en-suisse.html#:~:text=En%20Suisse%2C%20les%20temp%C3%A9ratures%20ont,se%20r%C3%A9chauffe%20le%20plus%20vite.

 

Oyas : l’expérience d’une irrigation ancestrale

Comme tu le sais, on fait de l’EXPERIMENTATION de techniques l’un des objectifs premiers de notre projet. On apprend beaucoup de choses, que ce soit à l’école ou sur internet. Mais nous, on est d’avis qu’on n’apprend jamais aussi bien qu’en mettant les mains à la pâte ! (Et on a aussi un peu de mal à rester tranquilles sur une chaise très longtemps, pour dire vrai…). C’est pour ça qu’on a décidé de mettre à l’épreuve des méthodes de cultures différentes et plus ou moins farfelues sur chacune de nos parcelles.

 

On commence les présentations avec une méthode qui nous provient d’Asie et d’Afrique principalement, où le climat plus aride a notamment inspiré auprès des petites exploitations une technique d’irrigation par jarre appelée « oyas » ou « ollas »…

 

Qu’est-ce que c’est, une oya ?

Il s’agit d’une sorte de vase en terre cuite, que l’on enterre dans le sol et remplit d’eau. La microporosité de la matière permet à l’eau de se diffuser dans la terre en fonction de la sécheresse du sol. Ainsi, de l’humidité est apporté de manière régulière au sol et aux plantes, irriguant ces dernières en fonction des besoins. Cet arrosage régulier limite le stress hydrique des plantes et permet de réaliser de nombreuses économies !

 

  • Économies d’eau

Il s’agit de l’un des arguments qui nous a poussées à mettre en place des oyas sur notre parcelle. Les oyas limitent l’évaporation de l’eau, du fait qu’elles sont en général fermées sur le dessus par un couvercle. Aussi, l’eau est contenue dans le vase durant plusieurs jours, ne distribuant que le minimum d’eau nécessaire pour garder la terre humide. Ainsi, on limite les pertes en eau dues au ruissèlement dans les profondeurs notamment.

 

  • Économies de temps

Là aussi, il s’agissait pour nous d’un argument choc. En effet, une fois les oyas remplis, ils diffuseront durant plusieurs jours l’eau qu’ils contiennent, assurant à nos plantes une irrigation suffisante et régulière, même en notre absence ! Plus besoin donc de se soucier d’arroser quotidiennement certains légumes aux grands besoins en eau, comme les tomates, par exemple ! (La durée ainsi que le rayon de diffusion dépendront de la taille de la olla.)

 

 

Un outil pour faire face au changement climatique ?

Avec les étés toujours plus chauds et les précipitations perturbées par les changements de climat qui ont lieu en ce moment, il devient de plus en plus difficile de gérer l’irrigation de ses cultures. Aussi, l’accès à l’eau à tendance à devenir de plus en plus limité, et on sait à quel point cette ressource est importante à préserver. Les oyas, en limitant les besoins en eau tout en assurant une irrigation adéquate,  sont pour nous un réel atout, autant dans l’adaptation au changement climatique que dans la préservation des ressources.

 

Notre expérience

Les oyas que l’on trouve dans le commerce étant au-dessus de notre budget, on a voulu en fabriquer nous-même. Pour ça, on a pris deux pots en terre cuite (des pots de fleurs tout simples), on a bouché le trou du pot inférieur pour éviter que l’eau ne coule simplement à travers, puis on les a soudés ensemble avec du ciment. On a trouvé cette méthode sur internet, mais à vrai dire, avec l’expérience qu’on en a faite cet été, on n’en est pas vraiment convaincues. Voilà pourquoi : les pots de fleurs en terre cuite sont plus épais que les ollas, et l’humidité est selon nous moins bien diffusée dans le sol. Aussi, les petits trous par lesquels on est censées remplir l’eau sont très peu pratiques, même avec un entonnoir, car le vide d’air ne se fait que difficilement. L’année prochaine, on pense investir dans quelques vrais oyas. Ce qui est chouette, c’est qu’on peut en trouver qui sont fabriquées en Suisse, notamment par l’entreprise https://www.wepot.ch/ !

 

Etape 1 : Boucher le trou du pot inférieur avec du ciment
Etape 2 : Souder le pot inférieur avec le second pot

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pour quelle utilisation ?

Bien sûr, on se rend compte que cette méthode est applicable principalement pour des cultures à taille humaine, et pas forcément à une agriculture de grande échelle. Installer, déplacer ou enlever les ollas pour chaque nouvelle culture, cela peut rapidement prendre du temps.

Nous, on en voit très bien l’utilité dans une serre, aux pieds de plants de tomates, par exemple. C’est d’ailleurs là qu’on va les placer l’année prochaine ! Aussi, il est possible d’utiliser ses oyas dans les pots de ses plantes intérieures pour les mêmes motifs de gain de temps et d’eau !

 

Pour plus d’actualités sur notre projet et d’infos sur les modes de culture durables, viens faire un tour sur notre page Instagram : https://www.instagram.com/agrolab_/

 

A bientôt !

 

Céline

 

Le mulch serait-il le couteau suisse des jardiniers ?

La fraîcheur hivernale a brusquement fait son entrée ces derniers jours. Pas question pour autant de laisser tomber ton jardin, au contraire ! Il est temps pour toi de préparer ton terrain à passer cette rude saison et à se mettre en route pour le printemps !

 

Le paillage, ou LA solution

Le paillage, nous, on ne jure que par ça ! Simple à mettre en place et applicable toute l’année, il représente pour nous une méthode d’avenir, qui permet notamment de faire face aux changements climatiques ainsi qu’à la perte de biodiversité et de fertilité des sols.

Cette technique est plus généralement appelée mulch, du fait que l’on n’utilise pas toujours de la paille pour procéder. Elle consiste à recouvrir une parcelle de diverses matières végétales (tontes de gazon, paille, feuilles mortes, …), pour plusieurs raisons plutôt convaincantes !

Le gros avantage, c’est que le paillage possède des fonctions différentes et qui s’adaptent aux complexités de chaque saison ! (d’où la comparaison au couteau suisse, tu l’auras compris…)

 

Pourquoi on trouve ça si fabuleux ?

En février 2020, notre bout de terrain était plutôt un bout de prairie. Il fallait éliminer les fleurs et autres herbes, pour laisser la place et l’énergie nécessaire à nos futurs légumes. Pas fans du labour (parfois nécessaire!), qui consiste à retourner la terre et tout l’écosystème qui s’y est mis en place, on a cherché une alternative. Le papa d’Amauryne nous a rapidement conseillé cette méthode, qui préserve le sol et épargne nos bras.

Etat du terrain en mars 2020

On a donc recouvert nos parcelles d’une couche de fumier et de paille, sur une hauteur d’environ 30cm, puis on a laissé la nature faire notre travail ! Le sol, protégé de la neige, du soleil et du froid, a servi de pension complète aux vers et autres insectes. Ils ont peuplé ces sols au climat plus tempéré et constant, dévoré petit à petit le paillage et aéré la terre par leur galeries. Le résultat de leur digestion (pour rester élégant) a fertilisé les sols, pour notre plus grand plaisir.

Au printemps, le sol était tout juste prêt à accueillir nos plantations. Pour un résultat optimal, il faudrait commencer à pailler en automne déjà.

Etat du terrain en septembre 2020

 

Au fil des saisons…

  • En printemps/été

Le paillage servira également plusieurs causes. Premièrement, il protégera la terre du soleil (on met bien de la crème solaire, nous !). Deuxièmement, il permettra de garder le sol au frais et de limiter l’évaporation (fini les aller-retours avec les arrosoirs !). L’humidité sera favorable aux organismes du sol, qui auront en plus de quoi se nourrir et donc fertiliser la terre tout au long de la saison. Aussi, les mauvaises herbes n’auront plus accès à la lumière pour pousser, et seront freinées dans leur développement.

  • En automne/hiver

Même si tes parcelles sont déjà en place, n’hésite pas à apporter une épaisse couche de couvert végétal ! Comme lors de la préparation de notre parcelle, elle aura des vertus protectrices, nourricières et préparatrice de ton sol !

 

Attention en revanche à bien équilibrer les déchets végétaux azotés et carbonés ! Pour une quantité d’azote, il en faudrait minimum dix de carbone, car les organismes du sols digèrent plus rapidement le carbone que l’azote.

Voici un moyen simplifié mais assez efficace de les identifier : tout ce qui est brun et sec (paille, feuilles mortes) contient davantage de carbone, alors que ce qui est frais et se rapproche du vert (tontes de gazon) contient davantage d’azote.

 

Le mulch et les ravageurs…

Au printemps, limite ta couche de paillage au minimum si tu crains les limaces et les souris ! Ce printemps, on a laissé une couche très épaisse de vieux foin, niche idéale pour ces ravageuses gourmandes !

Après nous être renseignées au sujet des limaces, on a découvert qu’elles sont en réalité de réelles alliées au jardin, et qu’il vaut mieux les apprivoiser que les chasser. En effet, elles se nourrissent des végétaux en décomposition, potentiels sources de champignons et bactéries nocifs pour le jardin. Aussi, leur bave peu ragoûtante à nos yeux favorise la formation d’humus, symbole de fertilité du sol !

Suite aux essais de nombreuses méthodes bio à disposition, on a simplement pris l’habitude de désherber régulièrement notre jardin, puis de laisser les mauvaises herbes faner sur nos parcelles. Celles-ci servent ainsi de mulch et donnent aux limaces de quoi se mettre sous la dent !

En ce qui concerne les souris, on cherche toujours le remède miracle…

 

Pour plus d’actualités sur notre projet et d’infos sur les modes de culture durables, viens faire un tour sur notre page Instagram : https://www.instagram.com/agrolab_/

 

A bientôt !

 

Céline

Agrolab, le laboratoire agroécologique

Pour ce premier blog sur la page de L’Illustré, on a pensé qu’une petite présentation s’imposait, histoire de faire les choses dans les règles de l’art !

En janvier dernier, Amauryne et moi-même (Céline) refaisions le monde dans un petit restaurant bernois. Frustrées de voir le monde aller dans une direction qui ne nous plaît pas et de ne rien faire pour l’en empêcher, on ressentait une forte envie de prendre part activement dans le changement que l’on souhaitait voir arriver.

Durable et le respect du vivant

Étudiantes en foresterie, respectivement en agronomie à Zollikofen (BE), on a trouvé pour passion commune le maraîchage agroécologique. Désireuses de voir évoluer les méthodes de production vers quelque chose de durable et respectueux du vivant, on a décidé de chercher un terrain pour débuter notre projet, encore très flou à ce moment-là, à vrai dire. Un couple charmant d’agriculteurs du village voisin nous a alors mis, sans hésitation aucune, un petit bout de terrain d’environ 200m2 à disposition. Notre projet a tout de suite pris une vitesse supérieure !

Après avoir laissé la nature préparer le terrain grâce à la méthode du mulch (on t’en dira plus dans un prochain poste), on a commencé à faire nos semis et à réfléchir à la tournure qu’on souhaitait donner à cette opportunité. De fil en aiguille, on a décidé de faire de notre petite parcelle un laboratoire à ciel ouvert, où on expérimente, sur 8 parcelles, autant de méthodes d’irrigation, d’association de culture ou encore de techniques anciennes comme l’électroculture.

Rester proches de la nature

A travers ce projet, on souhaite notamment vulgariser les différentes méthodes et ressources qui permettent de nourrir davantage de monde, sans pour autant priver les générations futures d’y avoir accès. Proches de la nature, on souhaite vraiment créer quelque chose s’en inspirant.

Pour partager nos expériences, notre projet et son lot de réussites et de défis, on a décidé de créer une page Instagram, où on publie régulièrement des informations sur nos méthodes mais aussi sur divers sujet qui nous paraissent pertinents. Par exemple, on y découvre comment fonctionne l’électroculture ou encore comment récolter ses graines de soucis.

Blog participatif

Sur notre blog, tu trouveras aussi diverses infos sur nos expériences et sur nos pratiques. On approfondira ici un peu plus certains aspects de nos expériences et pratiques, et on en profitera pour aborder certains thèmes qui nous tiennent à cœur, qui tournent de manière globale autour du respect de la terre et du vivant.

Si tu as de souhaits, des envies, de conseils ou autre, n’hésite pas à nous en faire part. Le Leitmotiv de notre projet est le PARTAGE !

A bientôt

Céline